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l’île des femmes

Attentive, Lydé fit signe à Dyonis de se taire. La tête dans un créneau et une longue-vue sur les yeux, elle paraissait observer la rive opposée avec une curiosité singulière.

Elle dit sans se retourner, à mots précipités :

— Deux hommes sur l’autre berge… des étrangers… Prends la lunette de Lalagé. Regarde, dans les buissons, à gauche de la petite plage de sable. Ils dorment, à moins qu’ils ne soient morts.

— Oui… oui… je vois… oh ! oh ! Tamarix… Père Loumaigne….

— Qui ça… Tamarix… Loumaigne ?

— Tamarix, lieutenant de La Centauresse, mon navire ; le R. P. Loumaigne, l’un de mes précepteurs.

— Qu’est-ce qu’un Révérend Père ?

— Un homme de Dieu !

— De Dieu ! Mais n’est-ce pas une déesse seulement qui règne sur les hommes et dans les cieux ?

— Non, Lydé, Dieu, un seul Dieu, pour tout l’univers. Je t’expliquerai. Il t’expliquera, lui, plutôt, le Père Loumaigne. Auparavant, il faut les sauver. Je les aime. Sauvons-les, Lydé !

— Certainement, pour toi d’abord, pour eux, ensuite. Ah ! je serai joliment félicitée d’avoir recueilli trois hommes des pays lointains.

Lydé quitta le créneau en rajustant son manteau sur sa poitrine brunie par le soleil.

— Avez-vous encore une barque disponible ?