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l’île des femmes

montra au chevalier, pour passer le temps, quelques points de la topographie de l’île. La région grise et verte des oliviers sur les coteaux du levant ; celles des sources chaudes, des geysers sulfureux ; des marais solfatares ; la forêt des oréades ; les champs de pierres précieuses ; les hauts plateaux où paissent les bœufs, les vaches, les moutons, les chevaux bondissants ; les dix colonies fluviales ; quelques-unes des colonies agricoles ; le camp fumant des cyclopes, ou des forgerons, sous le volcan empanaché de fumée, et, surtout, le territoire où s’étaient retranchées les Masculines en révolte. Ce territoire comprenait un peu moins de la moitié du pays insulaire, à l’ouest. Le fleuve d’émeraude qui coulait sous les rochers, ensuite la haute chaîne volcanique, formant l’épine dorsale de l’île, lui servaient de frontière et de front naturel.

Lydé interrompit son explication pour redire :

— Ah ! que fait donc Lalagé ! Comme elle tarde et retarde notre joie de savoir ce qu’il y a au lointain de la mer et comment est fait le monde d’où tu viens, ce monde plein de monstres infernaux, nous a-t-on appris ; des monstres pareils à toi, sans doute, ajouta-t-elle avec une douce ironie.

— Et moi aussi, repartit le chevalier, je suis impatient de connaître ton pays…

— Il t’étonne…

— Au suprême degré. Tout nous dépasse ici ou nous semble mystère. Impossible d’être davantage expatrié.