Page:Raymond - De la peinture considérée dans ses effets sur les hommes en général, 1799.djvu/97

Cette page n’a pas encore été corrigée

et change l’état des choses qui a en lieu dans l’instant qui l’a précédé. Dans la peinture, chaque objet conserve la place et la manière d’être que lui a données le pinceau de l’artiste. Je vois le tableau d’une tempête : je demande ce que signifie cette foudre suspendue dans les airs tandis qu’elle devait frapper mes yeux avec la rapidité de l’éclair qui l’accompagne. Je vois des nuages dont la forme constante est loin de me présenter l’image de cette agitation violente qui doit régner dans l’atmosphère, et qui laisse à peine la trace fugitive de la nue déchirée et dispersée dans un instant. Je vois les arbres du rivage courbés contre terre, mais ils ne se relèvent point ; je ne vois point ce balancement de leur tige, ce frémissement de leurs feuilles, qui indiquent la lutte des vents.

Plusieurs écrivains ont déjà jeté quelques idées sur l’espèce d’impuissance que j’indique ici, mais aucune me paraît l’avoir sentie dans ses divers rapports, et nul que je sache n’en a développé les