Page:Raymond - De la peinture considérée dans ses effets sur les hommes en général, 1799.djvu/95

Cette page n’a pas encore été corrigée

des instans écoulés qui me donnèrent quelque jouissance et aux époques reculées où la vue de quelques antiques débris fait reculer ma pensée. J’aime surtout à rencontrer l’image des grands hommes qui ne sont plus, de ceux qui honorèrent leur espèce par leurs vertus et leur génie ; j’aime à retrouver les traits d’un ami ou de toute autre personne qui m’est chère. J’admire l’industrie humaine dans ces productions de l’Art ; je le vois remplir utilement et avec vérité le but qu’il se propose ; je bénis le génie créateur de l’homme qui me procure ainsi les jouissances les plus douces.

Mais je rencontre sur la toile le spectacle des élémens en désordre et, de la nature agitée ; je vois ailleurs des personnages en action et tout le développement d’une scène fugitive ; je me demande : « Est-il donc vrai que la Peinture puisse exprimer le mouvement ? est-il vrai qu’elle puisse faire un récit et qu’un tableau devienne, pour ainsi dire, une des pages de l’histoire du genre humain » ?…..