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éleva soi-même sur la place publique. Que devinrent les modestes effigies des anciens guerriers de Rome, à côté des chefs-d’œuvre de l’Art, taillés ailleurs en l’honneur d’hommes vulgaires, et qui venaient étaler les écarts d’un orgueil étranger ? Que devinrent ensuite les images des héros grecs eux-mêmes, au milieu de cette multitude de statues érigées au sein de Rome par la déplorable vanité d’une foule de particuliers obscurs dont on ne connaissait pas même les noms ?

Les productions des arts peuvent être quelquefois de vraies richesses pour les villes qui les possèdent, lorsque leur acquisition n’est funeste ni à l’État ni aux mœurs. L’affluence des étrangers qu’elles attirent coopère à la prospérité publique par l’activité qu’elle ajoute au commerce et par la circulation du numéraire que viennent verser journellement de riches voyageurs et des amateurs de tous les pays. C’est un tribut constant que paie la curiosité, une richesse réelle laissée en échange d’un enthousiasme et de quelques