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tretien des flottes et des armées ; que des histrions étaient gorgés de voluptés, tandis que les généraux manquaient de subsistance ; enfin que la représentation de quelques pièces de théâtre absorba les sommes mises en réserve pour les besoins de l’État et coûta plus cher que les guerres les plus longues qu’elle avait eu à soutenir contre les ennemis de sa liberté.

On a vu des peuples sacrifier les deniers publics à un luxe immodéré dans les arts, acheter avec des sommes excessives des peintures insignifiantes, rassembler à grands frais les productions des artistes étrangers, doubler les besoins de l’État, et épuiser le trésor public pour avoir des statues ou des tableaux. Il n’y avait pas beaucoup de sagesse à payer si chèrement des objets qui ne pouvaient devenir, chez de tels peuples, que des instrumens funestes de corruption. Nous savons qu’il n’est rien de si puissant sur les hommes que l’exemple de ceux qui les gouvernent ; et si la corruption qui se développe chez