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ceau, que le militaire avec son épée ; d’ailleurs ce serait entraîner les arts à une prompte dégénération. Il est dangereux d’ouvrir une porte aux honneurs et aux récompenses ; une multitude ignorante et présomptueuse s’y jette en foule et vient rivaliser fièrement avec le talent : la médiocrité inonde le public de ses vaines productions, et la société perd ainsi un grand nombre de bras qui auraient pu lui être utiles ailleurs.

Si l’on a une fois oublié chez un peuple la vraie destination des arts, le gouvernement ne tarde pas de l’oublier lui-même ; les abus et la corruption s’élèvent des diverses classes de citoyens jusqu’aux magistrats, et il n’est plus rien qui puisse arrêter le mal dans ses progrès. D’autres que nous ont retracé les étranges abus que les Athéniens firent des beaux-arts, lorsque la chute de Thèbes ramena parmi eux la paix et les plaisirs et qu’ils cessèrent d’être occupés au-dehors. On sait qu’ils sacrifièrent tout à la passion du théâtre, jusqu’aux trésors destinés à l’en-