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l’artiste comme artiste : que signifierait le prix des jeux pythiens accordé chez nous au peintre qui aurait excellé dans le tableau d’une Diane à la chasse ou d’une Marchande de fleurs ? Que l’on me dise si le tems où Athènes brilla de plus de vertus, de courage et de gloire, fut celui où elle accordé, aux dépens de l’État, les mêmes honneurs funèbres au peintre d’Ulysse dans les enfers, qu’à ses plus grands héros ? Les sociétés de savans, moins obligées de veiller sur les mœurs que ceux qui gouvernent les hommes, décernent-elles leurs couronnes à l’éloquence seule, sans égard à la vérité ? Les encouragemens publics donnés au seul talent dont perdre d’ailleurs le fruit de l’imitation, accoutument à l’indifférence du choix, et ne font rechercher dans les ouvrages de l’Art que le mérite de l’exécution. Sans doute il faut faire quelque chose pour le perfectionnement des arts ; mais il faut tenir compte de leur vraie destination, et certes c’est beaucoup faire pour leur gloire.

Les gouvernemens peuvent doubler le