Page:Raymond - De la peinture considérée dans ses effets sur les hommes en général, 1799.djvu/264

Cette page n’a pas encore été corrigée

des peuples. Je sais que l’industrie nourrit le commerce et que celui-ci enrichit les États, mais l’industrie ne peut-elle s’exercer que sur des frivolités funestes, et le commerce n’a-t-il d’autre aliment que le luxe ? Serait-il vrai que, pour enrichir les nations il faut les corrompre ? Quelle est cette étrange source de prospérité publique, dont l’effet le plus prompt et le plus certain est de dépraver l’homme social ? Au reste, s’il est un peuple que le luxe puisse enrichir c’est celui qui est assez sage pour en fournir les matériaux aux étrangers, en les méprisant pour lui-même ; les besoins factices des autres peuples font alors sa richesse et il conserve encore ses mœurs ; c’est ainsi qu’en ont agi quelques nations célèbres.

On a dit que le Français vend ses frivolités à ses voisins. J’avoue que si le Français n’avait d’abord caressé toutes les futilités des modes et leur rapide variété, que pour en inspirer le goût aux autres peuples et tirer ensuite parti des besoins qu’il leur aurait fait naître, en laissant