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luxe fait la prospérité des États. Fort bien ; je connais de reste les maximes que l’on a coutume de débiter gravement sur cette matière y et je sais combien l’on a pris de peine pour justifier les nations modernes du luxe étonnant qui se développe tous les jours chez elles dans une progression effrayante. Eh ! que n’a-t-on pas dit, puisqu’on est allé jusqu’à avancer que le luxe peut retarder la chute des empires ? Étrange égarement de la prévention ou de l’esprit de système ! Vains sophismes qui s’élèvent contre l’expérience des siècles, et qui ne feront jamais oublier que toutes les républiques de l’antiquité, que tous les grands États, ne sont tombés que par le luxe ! On a vu des nations vigoureuses, semblables à un mur d’airain, repousser les efforts de vingt peuples réunis ; on les eût vues avec des mœurs et du courage, défier l’univers entier ; et elles ont succombé sous le poids de la mollesse, faible cause en apparence qui frappe sans bruit, mais avec succès ; ennemi perfide qui couvre sa victime de