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avançons, plus nous nous éloignons du chemin que nous avons abandonné. Nous finissons par donner dans tous les travers, et dans tous les excès du ridicule, et lorsque nous sommes arrivés au comble de la démence, nous croyons avoir atteint le dernier degré du bon goût. Le vrai beau est toujours le même, il est inaltérable ; et nous méprisons, nous foulons aux pieds aujourd’hui ce que nous recherchions hiers avec ardeur. Nous proscrivons ensuite nous-mêmes les objets de notre choix et nous faisons justice des ridicules objets de notre enthousiasme épémère ; mais ce qui est étrange, c’est que cette réforme, n’amène que des nouveautés plus ridicules encore et auxquelles nous réservons le même sort. Comment ce qui fut bien, il y a huit jours, peut-il être si mauvais aujourd’hui ? où sont les fondemens de deux jugemens si opposés sur le même objet ? cet objet n’est-il donc pas resté le même, ou les organes de nos sensations se sont-ils altérés ? pourquoi l’habit qui vous convenait hier vous sied-il mal