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goûts, si nous ne fixons une fois pour toutes nos idées sur les vraies convenances dont la nature seule peut nous suggérer la conception et l’emploi. Apprenons à sentir comme le veut la raison, et commandons à nos neveux de sentir comme nous,c’est-à-dire, mettons-les après nous dans le chemin de la nature. Si nous trouvons une fois un ordre de choses qui prouve la raison, ayons le courage de nous y arrêter, et que tout ce qui nous entoure, que tous les ouvrages de nos mains, reçoivent dans leurs formes l’empreinte durable d’un goût solide et d’un choix sensé. Sans cette heureuse révolution dans nos jugemens, nous apprêterons à rire à nos descendans, et nous ne paraîtrons en effet que ridicules à leurs yeux. Législateurs des peuples, pesez cette importante réflexion ; elle est plus importante qu’on ne pense.

Nous marchons depuis long-tems dans une route qui nous écarte de la nature ; il ne nous est plus possible de calculer la quantité de cet écart, et plus nous