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contre son semblable ne se soulève-t-il pas contre la société entière, et tous les membres ne trouvent-ils pas en lui un ennemi commun ? La liberté individuelle qui n’aurait pas de bornes serait donc une monstruosité ; elle ne peut se concevoir un seul instant, c’est l’image de l’affreux chaos. Cette théorie simple et claire de la liberté de l’homme social, sentie et développée par tous les publicistes, doit s’appliquer avec rigueur à chacune des branches de la liberté civile en exercice. On a souvent comparé la liberté de la presse, à laquelle j’assimile celle des arts, à ces armes dont les hommes peuvent abuser et dont les lois néanmoins ne proscrivent pas l’usage. Les lois ont raison quant au géméral ; mais que dirait-on de ces lois, si, parce qu’elles permettent le port de ces armes, elles ne punissaient pas l’assassin qui s’en serait servi pour égorger son frère ? Non, les lois ne doivent pas limiter la carrière des lettres et des arts, mais elles doivent frapper l’ennemi des mœurs qui abuse de son talent pour détruire la morale publique ;