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Ecrivains sensibles qui avez conservé une ame pure et qui voudriez faire germer la vertu dans tous les cœurs, écrivez donc des romans et faites comme ces médecins habiles qui savent tirer parti des poisons les plus actifs en faveur de la santé de l’homme. Assez long-tems on a abusé du bien pour produire le mal, qu’au moins une fois les instrumens du crime deviennent, entre les mains des hommes, ceux de la vertu, et que les romans guérissent les plaies affreuses qu’ils ont faites aux mœurs, comme la peau de ces animaux malfaisans, qui arrête l’effet du venin mortel qu’ils viennent de répandre. Ainsi prenant vos semblables par leurs propres faiblesses, et sacrifiant en apparence aux futilités de votre siècle, vous combattrez les vices des hommes par leurs vices mêmes.

Le philosophe qui s’intéresse à la cause des mœurs ne doit consulter que son zèle, rien ne doit l’arréter dans sa louable et pénible mission. Eh ! qu’importe au sage le dédain des sots ou des rnéchans ? J’avoue