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donnent une fausse idée du monde et des choses et accoutument à ne chercher que des chimères. En parlant sans cesse à l’imagination, ils éteignent les facultés de l’esprit ; en remuant les sens à chaque instant, ils développent toute la fureur des passions ; en présentant le vice sous des couleurs agréables, ils le font aimer et accoutument à persifler les mœurs et toutes les vertus sociales. Les romans n’ont-ils pas été le dépôt de toutes les maximes licencieuses des auteurs dépravés ? n’en a-t-on pas fait des tableaux de la débauche en action ? Un auteur célèbre a dit : « Il faut des spectacles dans les grandes villes et des romans chez les peuples corrompus  ». Les romans ont d’abord préparé la corruption ; faut-il donc augmenter le mal par la cause du mal même ? ou faut-il employer cette cause pour détruire son propre effet ? Dans ce dernier cas, quel siècle eut jamais plus besoin de romans que le nôtre ?….