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Si les productions des hommes célébres servent à étayer puissamment le crime par l’appui qu’elles lui prêtent et la séduction dont elles l’entourent, il est un ordre inférieur d’écrivains qui ne produisent pas des maux moins funestes, parce que leurs œuvres étant à la portée d’un plus grand nombre de lecteurs, et se trouvant d’ailleurs plus multipliées, elles versent le poison en plus grande abondance et sur une surface plus étendue. Je ne parle pas même ici des auteurs de ces livres affreux où l’obscenité est exposée dans toute sa laideur, et dont je rougirais de prononcer seulement les titres ; je n’indiquerai que ces nombreux éditeurs de romans licencieux ou ridicules, qui, à la fois, corrompent le goût, aliènent la raison et dépravent le cœur. Ces romans, en accoutumant l’esprit au merveilleux des aventures, à de vaines futilités, à des riens renouvelés sous mille formes, rendent insipide toute lecture sérieuse ; en présentant sans cesse des personnages pris hors de la nature inconnue à leurs auteurs, ils