Page:Raymond - De la peinture considérée dans ses effets sur les hommes en général, 1799.djvu/228

Cette page n’a pas encore été corrigée

ait eu le tems de se développer ? les livres ont fait sans doute beaucoup plus de mal aux mœurs ; mais combien les peintures dont nous parlons produisent un effet plus prompt et plus assuré ! le livre peut rester fermé, les traits empoisonnés qu’il contient n’en jaillissent qu’a la lecture, et il faut du tems pour lire. Mais une peinture frappe les yeux d’elle-même, elle présente à la fois et dans un instant tout le poison qu’elle peut verser dans le cœur ; elle saisit les sens indépendamment de la volonté et avec ces puissans instruments, elle a bientôt achevé son ouvrage. Un regard, même involontaire, en attire toujours un autre, et qui ne résiste pas est déjà vaincu. La vue frappée par les objets, dit Plutarque, ne peut s’empêcher de voir tout ce qui s’offre à elle, utile ou inutile, bon ou mauvais ; mais il n’en est pas ainsi de l’esprit, dont on se sert à sa volonté . D’ailleurs, dans les livres, la corruption est quelquefois masquée sous