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yeux de ceux qui les contemplent ; on ne voit ni l’ouvrage ni l’artiste, on n’est frappé que de l’objet représenté : l’imagination est trop occupée pour que l’Art ait sur elle la moindre prise.

Mais que dirai-je de ces peintures obscènes qui présentent aux yeux d’une jeunesse avide et passionnée tous les écarts de la dépravation ; tout ce qu’une imagination déréglée peut concevoir de plus lascif ? quels funestes effets ne produiront pas sur elle ces objets dangereux ! ils jetteront dans tous les sens une effervescence et un embrasement que rien ne pourra, plus éteindre : l’impression profonde qu’ils auront faite étendra ses effets sûr le reste de la vie. Il faut connaître tout ce que l’agitation des sens soulevés avec fureur a d’impérieux sur toutes les facultés de l’homme, pour sentir combien il est difficile d’opposer ensuite des digues à ce torrent une fois déchainé. Et que deviendra l’innocence à la vue de ces images qui ont jeté le poison avec la rapidité de l’éclair, avant même que l’attention