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riche, et va y arracher des soupirs ; elle y présente le repos et le bonheur attachés à la vie simple de l’homme libre et retiré, et appesantit sur la tête de leurs hôtes malheureux le poids accablant de l’espèce d’existence à laquelle ils se sont condamnés. Elle leur montre la nature dans un aimable désordre à côté des écarts sompteux auxquels l’opulence s’est livrée et effaçant avec ses modestes attraits toute la vaine symétrie que le luxe a imaginée. Ce rapprochement force l’homme à goûter des beautés simples et à reconnaître la vanité de ce qui l’entoure. Ce genre de contraste ne se fait jamais mieux sentir qu’en Peinture ; le tableau du plus beau jardin n’inspire aucun intérêt à côté du plus simple paysage. Ainsi l’art dirige ses effets contre les ouvrages de l’art même, pour ramener l’homme auprès de la nature. celui dont nous nous occupons, qui, comme les autres, est l’enfant de cette nature, n’agit pas ici en fils ingrat ; c’est un hommage qu’il fait rendre à celle dont il tient lui-même tout son mérite.