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Mais si vous voulez qu’en général vos tableaux exercent un effet puissant sur l’ame des spectateurs, mettez-y en action l’espèce d’ébranlement et de sensations que vous voulez produire ; choisissez vos personnages dans la classe d’hommes que vous avez en vue, et affectez-les de la même manière que vous voulez affecter ceux-ci : c’es-à-dire, au lieu de ne présenter, par exemple, que le châtiment du crime, placez auprès de ce spectacle le crime lui-même dans l’épouvante ; le scélérat sera ébranlé par l’effroi de son semblable, vous aurez établi ainsi une espéce de conducteur qui transmettra l’ébranlement dans son âme, et vous aborderez cette ame par le seul point peut-être où elle soit accessible. Je pourrais développer cette idée qui me paraît très-importante, l’appliquer à tous les genres d’effets que se promet la Peinture, et l’appuyer d’une foule d’exemples tirés de l’expérience de tous les jours ; mais le lecteur m’entend et je dois lui épargner ce qu’il saura voir lui-même. Poursuivons notre objet.