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qui rend plus impérieux ensuite et plus puissant le langage de la vertu que lui prèchent ces portraits respectés. Avec quelles délices un époux vertueux et sensible ne contemple-t-il pas l’image d’une compagne chérie dont il est séparé ! Et si l’on ôtait à l’amant passionné le portrait de la jeune amie dont il cherche sans cesse les traits adorés dans ce miroir bienfaisant, ne serait-ce pas lui ôter plus que la vie ? Et toi, douce amitié ! combien n’as-tu pas de grâces à rendre à cet Art enchanteur qui fait oublier l’absence et satisfait à chaque instant tes vœux ! Tes désirs moins ardens se contentent des jouissances qu’il te procure ; l’image d’un ami te suffit dans le calme qui t’environne, elle remplit avec plus de succès l’intervalle qui vous sépare.

Enfin il n’est pas de jouissances pures que la Peinture ne puisse procurer ; c’est beaucoup dire à son avantage : les plaisirs innocens épurent le cœur, l’habitue d’en goûter tend à la longue à améliorer les mœurs.