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règnes, et supplée en partie à l’impuissance assez fréquente de mettre la nature elle-même en spectacle aux yeux du curieux ; elle épargne ainsi les voyages ou les transports pénibles, et l’Art offre toujours un second plaisir à côté de celui que donne l’objet imité.

La Peinture évoque le souvenir des tems passés, et l’on revoit avec satisfaction les faits et les personnages dont l’esprit s’est occupé ; on aime à s’associer à tous les tems, à tous les lieux, et faire, pour ainsi dire, par intervalles, quelques visites au genre humain. On parcourt avec intérêt ces monumens divers, ces vestiges des antiques constructions, derniers restes que le tems achève de dévorer, tour ces augustes échantillons des chefs-d’œuvre de nos ancêtres ; et ces copies fussent-elles même peu fidèles, l’imagination, dans ce genre d’objets sur-tout, aime, à se reposer sur quelque chose de visible ; et, pourvu que ce qui frappe les yeux ressemble en quelque chose aux fantômes qu’on s’était formés d’avance,