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sentait ces vérités, a-t-il pu se laisser entraîner si loin dans son indignation contre le vice, en accusant les arts d’être les auteurs des maux dont il a fait une peinture si énergique ? Si le bon dérive du beau, comment celui-ci peut-il être la cause réelle et première du mal ? comment les arts qui procèdent envers l’homme comme la nature elle-même, peuvent-ils être essentiellement des fléaux pour le genre humain ? De grands maux ont accompagné de tout tems la culture des arts, cela n’est que trop vrai ; mais encore une fois, ce sont les hommes qu’il faut en accuser : s’ils ont abusé d’une chose bonne en elle-même, ce n’est pas à cette chose que la philosophie doit s’en prendre.

Comme il serait dangereux pour l’homme de suivre toujours aveuglément l’impulsion du plaisir, vu que sa sensibilité dégénère bientôt en faiblesse, et que la pente qui mène à la dépravation étant excessivement rapide, l’homme n’est plus le maître de s’arrêter dans sa chute, les