Page:Raymond - De la peinture considérée dans ses effets sur les hommes en général, 1799.djvu/191

Cette page n’a pas encore été corrigée

dement des alimens à ses goûts dépravés et ne manque pas de les multiplier avec une funeste profusion.

Mettrons-nous dans la balance, les avantages et les maux que la Peinture peut introduire parmi les hommes ? Dirons-nous que parce qu’elle peut leur devenir funeste en certains cas ils doivent proscrire en général toutes ses œuvres ? Non sans doute. La Peinture, comme tous les arts, comme les biens les plus précieux, peut devenir un instrument dangereux dans les mains de l’homme, parce que l’homme abuse de tout ; mais le mal n’est pas en elle-même ; ce n’est pas la faute de l’Art, c’est celle de l’artiste qui en prostitue l’emploi. Que ne proscrirait-on pas aujourd’hui, s’il fallait condamner tout ce qui a enfanté des abus ? Les plus grands bienfaits de la nature ne sont-ils pas devenus des armes funestes ou de dangereux poisons ? Vérité humiliante pour l’espèce humaine ! L’homme est-il donc destiné à flétrir ou à corrompre tout ce qu’il touche ? Jamais un bien s’offre-t-il à nous sans que