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ture, et le modèle est oublié. Ce n’est que Raphaël ou Michel-Ange que l’on va chercher à Rome, c’est Rubens ou Lebrun que l’on va voir à Paris. Lorsqu’on s’occupe peu de peinture, l’ébauche grossière d’un homme qui fut cher à ses concitoyens suffit pour réveiller l’enthousiasme, parce que la peinture ne disputant point l’attention, l’homme de bien se montre tout seul et ne fait songer qu’à lui. Mais les artistes pourraient-ils jamais se contenter de cette sorte de gloire ? Lorsque au contraire l’Art est cultivé avec des prétentions, on veut que les grands hommes soient peints, comme le reste, avec toute la perfection possible ; l’ouvrage de l’artiste médiocre est méprisé, et la médiocrité du talent tournée au préjudice de la mémoire du héros. Il est bientôt dédaigné, oublié même, celui dont on ne respecte plus l’image ; et l’influence de l’Art me paraît funeste, lorsqu’il apprend à préférer des traits et des couleurs au souvenir du mérite et de la vertu. Je crois voir un fils dépravé qui méprise son