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vulgaire reste insensible devant nos plus beaux chefs-d’œuvre ; il entre avec indifférence dans les salles de nos concerts et passe de sang froid devant les tableaux de Raphaël.

Voyez, je vous prie, quels sont même les effets que produisent les œuvres de nos artistes sur ceux qui sont en état d’en juger. Suivez le connaisseur dans nos galeries ou auprès de nos orchestres. Ici, il observe le jeu des divers instrumens, il dissèque les phrases, il compare les accords, il anatomise l’harmonie, en apprécie les détails ; il suit l’enchaînement des parties, leur entrée successive, leurs répliques ; il se rend compte de chaque trait de la pièce qu’il entend ; mais son jugement seul agit, et ce que l’esprit dépense en aftention et en discussion est autant de perdu pour l’ame qui reste glacée et ne reçoit pas la moindre secousse. Les artistes, qui étudient au reste le goût du moment, ont le plus grand soin de ne pas se mettre en opposition avec le ton qui peut seul leur assurer des applaudisse-