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presque aussi bien son compte dans ces sortes d’imitations ; mais l’artiste n’aura mérité que la moitié du suffrage auquel il aurait pu prétendre.

Pour que l’influence de la Peinture se généralisât davantage parmi les hommes, il serait à désirer que les artistes s’attachassent moins souvent à des sujets qui ne disent rien à l’esprit ni au cœur. Pour quoi employer tant de talent à peindre une scène indifférente ? On dirait qu’il suffit au peintre d’obtenir le suffrage des connaisseurs dans son art ; mais l’émotion qu’il ferait naître dans l’ame des spectateurs ne serait pas un suffrage moins flatteur pour lui. Les larmes que Racine arrache à son auditoire ne valent-elles pas tous les applaudissemens ? Les applaudissemens sont quelquefois le signe d’une vraie satisfaction ; mais ils annoncent que l’on s’occupe plus de l’artiste et des moyens de son art que du sujet représenté, et le cœur y entre rarement pour quelque chose .