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qui vient immédiatement de l’imitation, c’est-à-dire, de cette sorte d’intérêt qui naît du prestige de l’art. Qui ne s’est pas que la peinture de l’objet le plus hideux se fait regarder avec une sorte de plaisir ? que l’on se plaît également à contempler l’image de l’événement le plus funeste, tel qu’un meurtre ou un incendie ? Notre critique en convient et c’est là un de ses principes généraux. Or je demande si un plaisir quelconque fut jamais une copie de la répugnance ou de la douleur ? L’imitation affaiblit l’impression qui est l’effet naturel de tel ou tel spectacle, mais elle fait plus, et je crois que souvent elle change la nature de cette impression et que d’autres fois elle la détruit totalement ; il ne me serait pas difficile de le prouver.

Lorsqu’une peinture se présent à nos yeux, deux objets principaux se disputent notre attention, et se mettent, si j’ose le dire, en présence : le travail de l’exécution et tout ce qui y est relatif, d’une part, et de l’autre le sujet imité. Nous ne pouvons