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exemple, que l’imitation de la mort de Phèdre nous émeut et nous touche, sans laisser en nous la semence d’une tristesse durable. Dubos trouve la raison, de cette différence d’effets dans ce que l’imitation d’un événement nous laisse les maîtres de ne prolonger nos sensations qu’autant qu’il nous plaît, et que nous sentons que nos pleurs cesseront de couler avec la représentation. Je ne crois pas que Rousseau ait raison de dire que c’est plutôt parce que l’imitation ne nous inspire (selon lui) aucun retour pénible d’inquiétude sur nous-mêmes. Le sentiment douloureux, quelque léger qu’il soit, que nous fait éprouver l’imitation d’une scène tragique, ne peut se rapporter à d’autres objets qu’à ceux dont l’imitation a copié la réalité. Les figures de la tragédie ou du tableau nous conduisent auprès des personnages de la nature et nous associent ainsi à leurs infortunes et à leurs douleurs. Certes ce ne sont pas les figures peintes qui nous affligent, ce n’est pas la personne d’un acteur qui excite notre