Page:Raymond - De la peinture considérée dans ses effets sur les hommes en général, 1799.djvu/165

Cette page n’a pas encore été corrigée

cent l’art au premier coup d’œil et ne présentent que l’art[1].

  1. C’est à un défaut de convenance qui tient quelque chose de celui que nous indiquons ici, que nous devons un vice important dans nos imitations théâr traies, que je ne sache pas avoir encore été remarqué : je veux parler de l’orchestre de nos opéras. La scène et les personnages forment le tableau, l’action doit *’y passer toute entière ; elle doit être resserrée dans l’intérieur du cadre qui lui est destiné. Ne serait-il pas ridicule de prolonger une peinture hors de la moulure qui en marque les limites ? C’est cependant là ce que nous faisons dans nos spectacles. Il est étonnant que l’on n’ait pas encore cherché à faire disparaître une telle incongruité. Le chant est Je langage hypothétique des personnages de la pièce^ J’harmonie qui l’accompagne est une des parties de l’ensemble, un des traits du tableau : ce langage total doit partir du lieu où l’on suppose que se passe l’événement. Mais l’illusion n’est-elle pas absolument dér truite par cet appareil d’instrumens et d’acteurs étrangers à ce qui se passe sur la scène ? Un souffleur peut-il se montrer impunément ? Je vois des Romains ou des Grecs, et ce sont des modernes qui parlent pour eux.et avec eux. Quand les personnages seraient d’ailleurs modernes eux-mêmes, peut-il y avoir quelque chose.de commun entre la scène et les assistans ? Quelle inconvenance n’y a-t-il pas à laisser ainsi à découvert les ressorts qui agissent dans un spectacle destiné à