Page:Raymond - De la peinture considérée dans ses effets sur les hommes en général, 1799.djvu/152

Cette page n’a pas encore été corrigée

pastel rende toute l’aspérité des rochers et les traits hideux d’une bête féroce, comme elle rend l’incarnat des roses, l’écorce veloutée de certains fruits ou le tendre duvet qui hérisse leur surface. Les peintres qui connaissent leur art savent faire le choix du champ le plus propre à recevoir le dépôt des conceptions de leur génie, et du genre d’exécution dont les moyens sont les plus analogues au style dont ils ont besoin. Tel le compositeur savant et sensible s’élance d’abord dans le mode le plus relatif au caractère qu’il veut imprimer à ses tableaux, et distribue les détails aux divers instrumens propres à les rendre, tantôt par des sons rompus ou étouffés, tantôt par des accens d’une grande force ou des renflemens énergiques, tantôt par des sons roulés avec douceur, filés avec ame, ou pressés avec vitesse, suivant l’espèce de jeu de chacun et la nature des sons qu’il peut faire entendre.

La peinture à l’huile paraît être le miroir le plus fidelle de la nature, par la