Page:Raymond - De la peinture considérée dans ses effets sur les hommes en général, 1799.djvu/140

Cette page n’a pas encore été corrigée

dans les actions qu’ils nous développent. Comme l’intérêt décroît avec la vraisemblance, l’effet moral s’affaiblit dans la même proportion. Représentez-vous un scélérat au moment de consommer un crime et écrasé sous la foudre que Jupiter lance sur lui. Pensez-vous que la vue de ce châtiment poëtique soit propre à suspendre la main d’un coupable ? Croyez-vous que le tableau d’un Sybarite dont la Destinée arrache les riches vêtemens et que la Fortune culbute au bas de sa roue, soit capable d’inspirer la crainte la plus légère à l’homme qui vit dans l’opulence, la mollesse et les plaisirs ? Ces objets sont trop loin de lui et il en connaît trop bien la fiction, pour qu’ils fassent sur lui l’impression la plus faible. Mais placez le premier au pied de l’échafaud ; que le second rencontre, comme par hasard, sous ses yeux, d’un côté une tombe entr’ouverte et laissant apercevoir la dépouille d’un homme à moitié dévorée par les insectes, et de l’autre un malheureux luttant avec la mort dans le sein de la