Page:Raymond - De la peinture considérée dans ses effets sur les hommes en général, 1799.djvu/136

Cette page n’a pas encore été corrigée

fixer comme le terme de ses conceptions. Ainsi il est plus facile de lui en imposer et l’on peut à peine dépasser à son égard les bornes de la vraisemblance. D’ailleurs les images qu’on lui présente sont fugitives, leur trace s’efface promptement, et l’esprit tolère facilement des fantômes en faveur de leur existence éphémère. Mais si vous donnez un corps à ces fantômes, si vous les fixez sous des traits permanens, le mensonge révolte par sa constance, il importune la raison. Que signifient en effet des êtres chimériques que je connais pour tels et qui usurpent à mes yeux les traits d’une existence réelle ? quelle illusion peuvent produire de semblables objets ?

Les désirs infinis que l’homme porte dans son cœur et qui l’agitent sans cesse, ont passé dans tous les actes de ses facultés ; ils le portent par-tout au-delà du terme, et le trompant à chaque instant sur le pouvoir de ses propres forces, ils l’empêchent de mesurer ses prétentions sur l’étendue de ses moyens, Ces préten-