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qui frappent journellement nos yeux. Aussi j’ai peine à croire que les gens de goût voient avec intérêt, dans un poëme qui a paru depuis peu, le Dieu du Rhin qui soulève ses flots contre les Français en s’y jetant lui-même à la nage, et la Discorde, cette courrière perpétuelle des poësies modernes, sortant d’un nuage et apparaissant à l’archiduc Charles, au milieu d’un conseil de guerriers qui la plupart sans doute vivent encore, apparaissant, dis-je, sous les traits du prince Eugène qui vient gourmander ce chef de l’armée autrichienne sur son intention à accepter des propositions de paix. Un poète qui veut employer avec succès des fictions de cette espèce doit chercher ses sujets plus loin de lui. Nous aimons à voir le merveilleux de l’antiquité sous le point de vue qui lui convient, et ce n’est qu’en fuyant dans le lointain avec les époques auxquelles il fut associé, qu’il nous devient supportable. Les fictions poëtiques me paraissent ne pouvoir plus convenir aujourd’hui qu’au genre comique dans