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mettrait ses observations en pratique. Il donnerait donc aux héros français la cuirasse, la cotte d’armes et le casque et aux ennemis le manteau et le bonnet phrygien ou l’attirail des soldats de Xerxès. Il substituerait les chars antiques aux tombereaux de nos ambulances, les traits jetés dans les airs et le choc des lances et des cimeterres, qui laissent voir tous les détails du spectacle, aux feux de nos bataillons et au fracas de notre artillerie, qui couvrent l’horizon de fumée, obscurcissent la scène et confondent tous les objets. Ce coloris antique appliqué à un tel sujet n’en rendrait-il pas la composition ridicule ?

Nous ne pouvons pas supposer que nos poëtes aient l’imagination meublée, des mêmes objets que les poëtes grecs ou latins ; ils ont à parler à des hommes qui ont aussi des opinions, des sentimens, des mœurs, des goûts différents. Les poëtes anciens se conformaient à la croyance de leurs contemporains, et leurs images étaient naturelles. Quand nous les lisons,