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fois les scènes du lointain qui ne sont que des accessoires au choix de l’artiste et qui peuvent être remplacées très-avantageusement par d’autres accidens.

Je suis loin d’adopter ici l’opinion de ceux qui, tombant dans un extrême exagéré, prétendent que la Peinture ne peut rien rendre avec vérité, et sur-tout qu’elle n’atteindra jamais d’expression morale. Je sais que tout le pouvoir de l’Art ne peut souvent exprimer que très imparfaitement la nature ; par exemple, il est digne du génie de saisir et d’exprimer la nuance passagère qu’imprime aux traits du visage telle ou telle affection vive et fugitive de l’ame ; mais cette nuance qui devait disparaître comme l’éclair, vous la fixez et votre figure animée devient monotone : si je la contemple deux momens de suite, je ne vois plus qu’une tête pétrifiée subitement dans le moment où vous en avez saisi les traits. Cela est vrai pour les affections de cette espèce. Cependant peignez encore, si vous voulez, le mouvement moral, mais laissez le mouvement