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Quant aux objets dans lesquels on cherche que la forme matérielle, on veut y trouver la nature dans toute sa vérité ; or que de travail ne faut-il pas de la part du peintre, pour atteindre cette vérité ? Mais le poëte qui nomme l’objet, s’il ne le détermine pas avec précision, n’en altère pas du moins la figure, ce qui est déjà un grand point, et laisse à I’imagination le soin et la liberté d’en composer les traits ; celle-ci ne manque jamais la ressemblance et se retrace toujours l’objet tel qu’il est dans la nature.

D’après les observations que nous venons de faire, dira-t-on que la tâche du poëte est plus facile à remplir que celle du peintre ? Ce n’est pas là la conséquence que nous tirerons, elle me paraîtrait hasardée. Mais ce qui résulte évidemment de ces observations, c’est que le but qu’ils doivent se proposer tous les deux, n’est pas le même, et qu’à mérite égal dans l’exécution, ce but peut souvent être atteint plus réellement par l’un que par l’autre.