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peinture ! comme elle multipliera, rapprochera, combinera les beautés variées dont ces vers lui feront naître l’image ! On rassemblera dans ce moment tout ce qu’on aura rencontré dans la nature de sites enchanteurs et d’ombrages délicieux. Qu’elles sont vives les couleurs de l’imagination ! comme cette toile s’anime !…

Mais que le peintre s’empare de ce sujet et le fixe sous son pinceau. Nous verrons une eau qui serpente dans les sinuosités de son lit, nous verrons des arbres, des feuillages variés, de l’ombre, etc. Ce tableau sera celui d’un seul paysage, dont les objets une fois déterminés ne permettront pas au spectateur d’en varier le nombre et les combinaisons. Il ne verra, malgré l’activité de soit imagination, que ce que le peintre ai-ira voulu lui montrer ; ou plutôt il verra moins en proportion de cette activité. Si la copie est restée en deçà du modèle qu’il s’était formé d’avance, son imagination mal satisfaite se repliera sur elle-même pour jouir du tableau qu’elle avait créé.