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que nous avons faites jusqu’ici sur la Peinture.

Les tableaux de la Poësie et de la Peinture me paraissent différer encore en ceci. Les premiers ont dans leurs détails quelque chose d’indéterminé qui les rend également applicables à plusieurs objets distincts du même genre ; il suit de là que l’objet de l’imitation reçoit sa physionomie et son caractère de l’imagination même et du génie de l’auditeur. Le poëte qui connaît les portes de l’ame et qui sait par quels ressorts on ébranle tout le système de l’imagination, produit les plus grands effets, mais c’est moins par les choses qu’il dit lui-même que par celles qu’il fait penser à celui qui l’écoute ; il le met sur la voie, et c’est ce dernier qui est le peintre. Le poëte présente une peinture généralisée dont l’objet se plie à la sensibilité et à l’imagination de l’auditeur, et s’agrandit ou s’embellit en proportion de cette sensibilité ; telle est presque toujours la cause du sublime qu’on y trouve. Une peinture poëtique dont les