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qu’il reçoit ; mais si l’on s’est occupé d’en soustraire peu à peu les fondemens, il tombe ensuite au premier effort. C’est ainsi que le fortissimo de la belle ouverture de Démophon ne serait qu’un fracas insupportable, sans le développement des sombres tableaux qui le précèdent. Mais l’auditeur remué d’abord par des accords sinistres, se prête à une agitation douloureuse dont il ne prévoit pas encore l’issue ; peu à peu il pressent qu’il va être fortement ébranlé, il frissonne et ce pressentiment double d’avance l’effet que doit produire la suite de ce qu’il entend. Enfin, soit effet naturel du tableau, soit prestige même de la terreur, l’explosion porte le désordre à son comble et produit dans l’ame un trouble et un déchirement inconcevables. Voilà ce qui assure aux poëtes et aux musiciens des succès éclatans et un empire que les peintres, malgré tout leur génie, n’atteindront jamais. Nous en disons autant de l’art du sculpteur, auquel peuvent s’appliquer toutes les observations