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inépuisable présente à cet égard l’art de la parole, et avec quelle rapidité il peut multiplier et varier ses tableaux.

Les moyens qui naîtraient d’une progression successive de pensées et de détails, dont la Peinture est privée, la Poësie et la Musique les possèdent au suprême degré, et ce n’est qu’avec leur secours qu’elles produisent leurs plus grands prodiges. On ne pénètre souvent que peu à peu dans notre ame ; il est pour elle telle situation dans laquelle la rencontre d’un objet imprévu n’a que peu ou point de prise sur elle suivant l’espèce de préoccupation plus ou moins disparate avec cet objet, où elle se trouve ; suivant le ton, pour ainsi dire, auquel elle est montée. C’est alors qu’il faut d’abord s’emparer de l’attention, et ébranlant l’ame par degrés, la conduire, par des agitations successives, à cet état de crise où il suffit souvent d’un seul coup, pour lui donnent enfin la commotion la plus violente. Tel un mur solidement assis résiste d’abord de toute sa masse au choc