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ne parle pas du tems qu’il emploierait à concevoir l’ensemble de son tableau et à l’exécuter. Mais comment peindra-t-il la jalousie ? quel attirail ne faudra-t-il pas donner à ce personnage pour le faire reconnaître ? Comment rendra-t-il la seule idée que renferment les deux premiers vers, en faisant bien discerner d’ailleurs que l’Amitié même n’est pas épargnée par le monstre ? Se contentera-t-il de peindre le factionnaire tout seul, en supposant que sa présence fait suffisamment naître l’idée de tout ce que peut faire la Jalousie ? Cette idée se présentera sans doute à l’esprit, mais elle sera vague et beaucoup trop généralisée ; il s’agit de rendre ici un degré déterminé de jalousie particulière. Le peintre n’aura dit qu’un mot, « Ici habite un jaloux ». Quel gré pourrai-je savoir au peintre, dans les deux cas, d’avoir employé autant de tems, de travail et de talent, pour me présenter une idée que quelques mots pouvaient faire naître en moi ? Je n’ai pas besoin de faire remarquer quelle richesse facile et