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dans certaines imitations, pourra-t-elle faire le récit d’un événement, d’une action quelconque ? Personne n’en a jamais douté et l’on s’étonnera peut-être de la question que j’élève ici.

Je crois d’abord que le défaut de mouvement et de succession détruit tout caractère de récit ; et l’on ne me contestera pas le défaut d’accidens successifs dans la peinture. J’ajouterai quelques réflexions. L’événement le plus simple a un commencement d’action, un développement et une issue ; il réunit des circonstances accessoires qui le précèdent, l’accompagnent ou le suivent. Un tableau ne pourra présenter que les accidens simultanés qui par leur coexistence, sont liés à l’action principale ; il faut que le peintre écarte tous les autres ou en fasse autant de sujets séparés, qui seront alors des épisodes détachés, saisis dans un moment fixé. Les divers tableaux ne présenteront alors que des faits isolés et tranchans ; les nuances intermédiaires disparaîtront, il est hors du pouvoir de la Peinture de les rendre.