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peut être encore celui de l’enthousiasme qui sent vivement, mais est-ce celui de la vérité ? Il est certain que la vue ou Ie récit de quelque événement nous associe aux circonstances qui l’ont accompagné et que notre imagination voit jusqu’aux détails qu’on n’a pas exprimés ; elle lie les uns aux autres à cause de leur cœxistence à laquelle nous sommes accoutumés. La narration la plus triviale des tourmens d’un malheureux me rappellera les cris de la douleur, et l’idée d’une tempête réveillera en moi tout l’ensemble du fracas qui l’accompagne ; mais ici c’est mon imagination qui fait le tableau, et l’esquisse qui en a été l’occasion n’en est pas moins imparfaite. Ainsi l’on voit que l’imagination tend à diminuer la distance qui sépare la production médiocre de l’œuvre du génie ; elle met sur tous les deux un voile qui affaiblit à la fois les défauts de l’une et les beautés de l’autre.

S’il est des circonstances et des détails essentiels que la Peintnre ne peut rendre