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d’autant plus mal choisi, qu’il se compose d’un plus grand nombre d’effets de la compétence d’autres sens que celui auquel l’imitation s’adresse. Qu’est-ce que c’est en effet qu’une tempête muette ou le spectacle d’une bataille qui se donne dans le silence ? La vue de ces objets n’est propre qu’à me donner des sensations du genre de celles que doivent éprouver journellement ceux qui ont été privés accidentellement de l’ouïe. On me dira, je le sais, qu’avec du sentiment on trouvera tout dans une telle peinture, et que l’imagination ébranlée par le génie du peintre complétera l’illusion. Mais, au lieu de voir dans un tableau des beautés qui n’y sont pas, j’aimerais mieux qu’il en contînt plus que je n’en saurais découvrir. La vue des convulsions qu’éprouve ce larron souffrant du tableau de Rubens, fait presque ouïr, dit-on, les cris qu’il doit pousser. Pline a dit, en parlant d’un tableau d’Apelle, qu’on entend le bruit du tonnerre. Ce peut bien être là, si l’on veut, le langage figuré de la poësie, ce