Page:Ray - Histoires de vampires (extrait Le Gardien du cimetière), 2010.djvu/9

Cette page n’a pas encore été corrigée

« Aussitôt, une foule d’ouvriers s’occupa d’ériger, dans le coin le plus reculé du cimetière, un vaste mausolée des dimensions d’un petit palais, et le mur d’enceinte fut triplé de hauteur et hérissé de hallebardes de fer.

« Le mausolée fut à peine achevé qu’il reçut la dépouille de la duchesse. Le monde n’avait vu dans tout cela qu’une pointe d’originalité : la millionnaire, s’étant fait enterrer avec des joyaux d’immense valeur, voulait mettre sa dernière demeure à l’abri des détrousseurs de tombes.


— Et voici mon histoire… :


Les deux gardiens m’ont fait excellent accueil.

Ce sont des colosses à la mine de bouledogues. Pourtant, ils doivent être de braves gens, car j’ai vu leur joie et leur énorme satisfaction devant mon bel appétit, et ce ne sont que les braves cœurs qui sourient à l’appétit des misérables.

En entrant en fonction, j’ai dû jurer la rigoureuse observation du règlement : ne pas quitter le cimetière pendant la durée de mon engagement — une année —, n’avoir aucun rapport avec l’extérieur, ni chercher à en avoir. Ensuite, ne jamais approcher du mausolée de la duchesse.

Velitcho, qui est strictement affecté à la surveillance de ce coin du cimetière, m’apprit que sa consigne était de faire feu sur n’importe qui s’approcherait de la tombe.

Ce disant, il braqua négligemment sa carabine sur une lointaine ramure de peuplier où sautillait une ombre minuscule. Le coup partit et un geai au plumage piqueté d’azur dégringola.

Velitcho était un tireur remarquable.

Il le prouvait du reste tous les jours, car le cimetière fourmillait de lapins sauvages, de gros ramiers au duvet opalin et même de faisans, qui fuyaient parfois, rapides, dans l’ombre des fourrés.