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place. L’enseignement était absolument gratuit, le maître ne pouvait recevoir ni salaire, ni étrennes, ni cadeau. Il enseignait le catéchisme, la lecture, l’écriture, un pende calcul, à peu près les mêmes choses que dans les écoles payantes, plutôt moins, les enfants étant jugés avoir besoin de connaissances moins étendues. Le but principal de cet enseignement était surtout la science du salut.

Les maîtres étaient nommés tantôt par l’assemblée de charité, tantôt par les marguilliers, tantôt par le curé. Celui-ci désignait généralement un ecclésiastique sous la direction duquel était l’école.

La situation de ces écoles vis-à-vis des écoles ordinaires fut d’abord incertaine. D’un côté, était l’autorité du grand-chantre ; de l’autre, le droit alors très-respecté des fondateurs des nouvelles écoles, qui le plus souvent se confondait avec le droit du curé dans les mains duquel arrivait l’argent destiné aux fondations.

Il y avait là le germe d’un conflit entre l’autorité du curé et celle du grand-chantre. Le droit du grand-chantre fut d’abord pleinement reconnu : ainsi, saint Vincent de Paul, en 1639, voulant établir, de concert avec M. Lestocq, curé de Saint-Laurent, des écoles de charité pour les enfants des deux sexes sur cette paroisse, en demanda la permission au grand-chantre et l’obtint. En 1646, le curé de Saint-Eustache fit de même. Il dressa par devant notaire un acte dans lequel il déclarait que les maîtres et maîtresses seraient acceptées par le grand-chantre, lui demanderaient leurs lettres d’institution renouvelables tous les ans suivant l’usage, seraient soumis à ses visites, se rendraient chaque année à ses assemblées, paieraient les droits de confrérie, ne recevraient que des enfants pauvres produisant un certificat d’indigence, et remettraient le rôle de ces enfants au grand-chantre tous les trois mois. Il existe un règlement analogue et de la même époque du bureau de la fabrique de l’église Saint-Séverin. Le maître est choisi par les marguilliers, mais il doit recevoir son institution du grand-chantre. Il doit enseigner gratuitement la lecture et le catéchisme à trente enfants pauvres désignés par le bureau, et quand ils sont assez instruits, les remplacer par d’autres. Mais, pour tout cet enseignement, il reste placé sous l’autorité du grand-chantre et est soumis à ses règlements, à ses visites, à son droit de contrôle. Ce contrôle était gênant beaucoup moins par la faute du chantre que par la jalousie des maîtres d’école qui voyaient s’élever des institutions rivales des leurs et qui craignaient, non sans fondement, que l’enseignement gratuit qu’on y donnait ne dépeuplât leurs écoles. Tel qui