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grains, soutenue d’une année abondante , mais placez aussi le pauvre dans sa sphère, où une santé vigoureuse, un travail absorbant, une saison, et tous les jours de cette saison (car ses besoins ne comportent point de vide) favorables à l’exercice de ses moyens physiques, le mettent à même d’acheter du pain, pour se nourrir maigrement, avec sa femme et ses enfans, et votre système sera encore raisonnable en apparence, sans être humain cependant, quoiqu’il soit d’essence de notre nature d’être humain, avant d’être raisonnable. Mais lorsque le changement de saison l’approche, la durée de la plus rigoureuse qui suspend plus du tiers des travaux, ou l’altération de sa santé, la vieillesse, ou quelquefois tous ces maux réunis l'accableront ; croyez-vous philanthropes respectables, mais malheureusement de cabinet (car pour calculer sur la misère, il faut l’avoir vue de près, il faut en avoir goûté toute l’amertume, il faut l’avoir vue aussi généralement répandue qu’elle l’est, et pesé les milliers de circonstances qui concourent à la perpétuer) croyez-vous, dis-je, qu’à l’expression de sa touchante situation, les