Page:Rauch - Plan nourricier ou Recherches sur les moyens à mettre en usage pour assurer à jamais le pain au peuple français, 1792.djvu/105

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le plus hardi monument qu’ait enfanté l’esprit humain, et n’osant calculer d’après les grandes impulsions de notre révolution, ont trouvé la conception de mon Plan nourricier trop, hardie, parce que son exécution exige une énergique volonté ; ils l’ont regardé comme prématuré, comme si les biens de cet ordre s'ajournaient : ils ont en conséquence renoncé aux douces affections de leur sensibilité, pour se livrer aux erremens d’une raison presque toujours trompeuse dans de semblables combinaisons.

Ils ont donc parcouru avec un esprit bienveillant, mais timide, la route ordinaire et plus que vicieuse, comme je crois l’avoir démontré, des subsistances de leurs semblables, non pas indigens, pauvres, misérables, gémissans, malades, mais moyennés comme eux ; et ils ont, à l’instar du tems passé, proposé comme premier et dernier moyen la libre circulation des grains..... C’est bien ici le lieu de s’écrier douloureusement avec le bon Rousseau, que là où l’homme commence à raisonner, il cesse d’être sensible...

En effet, admettez la libre circulation des