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mais cette période préparatoire écoulée, deux autres années vont suivre au cours desquelles le gain mensuel pourra varier de 30 à 100 francs, suivant l’importance des villes. Puis viendra le stage obligatoire dans un atelier réputé, le complément d’instruction et de pratique professionnelles donné aux cours spéciaux, et l’heure arrive enfin pour la jeune fille où elle possède entièrement son métier et peut se permettre de choisir son établissement à domicile ou encore un emploi de première dans une maison de tout repos. On comptait, en 1901, environ un million deux cent mille femmes couturières ou modistes.

Nous n’aborderons pas dans le détail la catégorie des professions libérales vers lesquelles notre situation économique actuelle semble attirer un certain nombre de nos filles. En outre des difficultés de tout ordre qu’elles ont à vaincre pour obtenir un résultat appréciable de leurs longues et très coûteuses études, qui varient, pour le barreau, la médecine et l’art dentaire, de 5 à 15 000 francs, il faut compter avec l’état de nos mœurs et de nos idées présentes sur le rôle propre de la femme dans la société. Ces carrières seront donc pour longtemps encore l’apanage d’une élite même très restreinte, puisque l’on ne signale, à l’heure présente, qu’environ cent cinquante femmes avocats, docteurs ou dentistes.

Il y aurait mieux pour elles à tenter dans le domaine du professorat, qui promet aux filles, à la faveur des événements politiques actuels, plus de chances de succès. Nos primaires se contenteraient des écoles du premier degré, où